La TUNISIE sans concessions, saison 2 : Nabeul, Tunis, Korkous / magouilles, sexe et découvertes
La belle mer de NABEUL !
Découverte avant les vacances de la Toussaint : il m'avait bien fallu aller au lycée Marguerite Duras pour commencer à apprendre mon futur métier de prof d'histoire/géographie/EMC au collège, et de prof de SES (j'ignorais le sens de ce dernier sigle quand on m'a proposé le poste : Sciences Economiques et Sociales !) au lycée.
Première rencontre en arrivant au lycée : Houda rentrant dans son Duster - rencontre qui prendra tout son sens en mars.
Arrivée début novembre, première alerte
Le chauffeur me laisse samedi 2 à 22h30 dans mon nouvel appartement (salon, deux chambres), très loin du lycée et surtout très "habité" : vaisselle non faite dans l'évier, gros sac poubelle plein et suintant devant la machine à laver, moisissures autour de la baignoire, draps sals, odeurs de cigarette partout ! Naïvement, je me mets à nettoyer jusqu'à 23h30... puis finis par envoyer au proviseur et au DRH le message suivant : "Cela ne va pas le faire. Je vais dormir dans ma tente. Si pas de nouveau logement lundi, je ne prends pas mon poste."
Je trouve un hôtel voisin désaffecté (comme il y en a tant en Tunisie depuis la révolution) juste au-dessus de la mer et m'installe dans les jardins, loin du gardien occupé à son smartphone. Ma petite tente québécoise à 13 euros fait l'affaire. Au matin, après la baignade, je suis "interpellé" par des gars qui entrent et sortent d'un boisé : j'ai dormi à deux pas d'un lieu de drague gay très fréquenté (et uniquement par des locaux si j'en crois mes yeux - c'est vrai que dans l'islam, l'homosexualité n'existe pas, les statistiques nulles du SIDA dans les pays concernés le prouvent...).
Lundi, on me reloge dans un bel appart près du lycée et je prends donc mes cours (je m'offre un petit plaisir : garder la clé de l'autre appart pour pouvoir profiter de son lave-linge haut de gamme, absent dans mon nouveau logement, en faisant le pari qu'on ne s'en rendra pas compte, vu le bordel que je constate dans la gestion des choses ici - pari réussi... Clé rendue trois semaines plus tard).
Classes : deuxième alerte
Un vrai bonheur d'enseigner l'histoire et la géographie, et même les SES, et de découvrir des élèves dans l'ensemble attachants (malgré le petit islamiste au tout petit QI venu tout droit des Quartiers de Reconquêtes Républicaines de chez nous, avec ses deux collègues voilées intégralement, les seules de l'établissement...).
Moins de bonheur avec la classe de 4e, où pour la première fois de ma vie, je me suis dit que j'avais des élèves semi-débiles (sans doute des effets de la consanguinité, quasi partie intégrante des sociétés musulmanes...). Le clou du spectacle a été à la première évaluation : messages de supplication d'annulation de trois élèves la veille, mobilisation des délégués le jour même pour tenter de la faire capoter : ils ont réussi à faire déplacer la CPE et le prof principal ! Après son intervention (et l'évaluation faite), je suis allé dire (gentiment) à ce dernier qu'il n'avait pas à venir dans mon cours et à obéir à l'élève qui l'avait appelé. Réponse : "C'est le fils de la fondatrice !" Réponse : "J'en ai rien à foutre !!"
Conclusion : préavis de démission pour les vacances de Noël notifié au proviseur (et accessoirement 2/20 mis au gamin, qui par ailleurs perturbait gravement les cours). J'ai suivi mes principes en prévenant plusieurs semaines à l'avance, à l'inverse de ce que j'ai constaté à Sfax ou ici : on jette sans souci les profs du jour au lendemain (on m'avait dit que Sami, prof à mi-temps qui m'avait passé ses cours avant les vacances, serait viré : je lui écris mercredi après-midi pour lui demander comment lui rendre ses documents vu qu'il ne serait pas là jeudi ; réponse : "Pourquoi tu me dis que je ne serai pas là demain ?!"... no comment...).
Paye, troisième et ultime alerte
Je découvre que mon employeur veut me faire passer par le marché noir des devises pour avoir des euros, qu'il m'a menti sur le cadre légal (je pouvais ouvrir un compte en dinars convertibles contrairement à ce qu'il m'avait dit) et qu'il me fait travailler au noir (il n'a jamais déposé ma demande de carte de résident, absence de récépissé faisant foi). Là, c'est too much : impossible pour moi de bosser dans ces conditions (je suis heureux de le découvrir : les magouilles et petits arrangements permanents à la maghrébine - ou à la musulmane ? - sont absolument incompatibles avec moi). Pour se venger, on m'a fait signer la fin de mon contrat le dernier lundi (une heure avant la fête de fin d'année, qui fut donc excellente, vraiment) alors que ma démission était pour le vendredi (les élèves ont perdu une semaine de cours, mais l'administration s'en tape éperdument....).
Voilà la lettre dont je me suis fendu dans le bus vers Tunis, une fois mon salaire versé (quelques heures avant que je ne prenne mon vol...) :
"M. El Hajali [nom modifié]
Je suis sensible au fait que vous preniez soin du DRH [il m'avait dit de ne pas lui écrire car il serait trop occupé à gérer les mille personnes des différents établissements du groupe les Idéales]. Il aurait gagné beaucoup d’énergie si les choses avaient été faites dans les règles...
Je vous remercie de m’avoir permis d’enseigner l’HG et les SES malgré mon absence de formation pédagogique en ces domaines : ce fut une excellente expérience.
Le dernier conseil de classe à été très intéressant : nous y avons appris que vous étiez passé par quatre conseils de discipline... Avec une certaine raison, votre êtes fier du statut que vous occupez maintenant en tant que proviseur, vous l’avez exprimé avec une belle absence de modestie.
Une idée pourtant m’a traversé l’esprit, que j’ai gardée pour moi alors mais que je vous partage maintenant : si vous avez gravi les échelons pour être proviseur (dans des établissements à l’étranger à la limite de la légalité bien souvent), votre passé tumultueux a laissé des traces. Ainsi, vous m’avez embauché en me proposant des arrangements financiers que j’ai découvert être illégaux ! Et vous m’avez régulièrement menti (absence de possibilité d’aller à la piscine de la fondation, absence de manuels pour préparer mes classes, absence de professeur me tutorant - toutes choses promises lors des entretiens d’embauche -, absence de référent pour m’initier à Pronote, promis à mon arrivée).
Le plus triste est que vous vous êtes enfoncé dans le mensonge jusqu'à notre dernier entretien (signature de la fin de contrat) en continuant de m’affirmer que mon dossier de carte de résident en Tunisie avait bien été déposé. Des personnes suffisamment informées m’ont appris qu’il y aurait eu alors l’octroi d’une carte provisoire, et le DRH lui-même vous a mis en défaut en m’écrivant hier que me seraient rendues les photos d’identité fournies pour mon dossier - qui n’a donc bien évidemment pas été déposé.
Vous avez eu un refrain récurrent : parler de "ici, c'est l’Afrique ", pour tenter de vous en distancier et de marquer votre appartenance au monde occidental. Si, effectivement, votre capacité à mentir et à agir en toute illégalité vous rapproche des pires de nos politiciens, elle semble inscrite dans votre ADN et vous rattache surtout au pire de la culture dont vous êtes issu et dont j’ai pu avoir un triste panel en ces quatre mois en Tunisie (arbitraire des employeurs pouvant - comme vous l’avez fait avec un collègue le 6 novembre - licencier un professeur la veille pour le lendemain, incitation à passer par le marché noir des devises comme vous l’avez fait avec moi en accord avec la fondation qui vous emploie, etc.). Je parle de traits culturels qui semblent tristement communs au Maghreb, si j'en crois de très nombreux échanges avec des personnes ayant longtemps vécu au Maroc...
Non seulement ce fonctionnement est incompatible avec qui je suis. Je suis donc parti.
Mais il est inquiétant dans un établissement prétendant se rattacher à la culture française. Aussi ai-je cru de mon devoir de prévenir les services ad hoc du Ministère de l’Éducation Nationale ainsi que ceux de l’AEFE des dysfonctionnements que j’ai expérimentés dans votre établissement. Ces services m’ont répondu et seront très vigilants dans le processus que vous portez d’homologation du collège et du lycée.
Je me permets d’espérer que cette vigilance achèvera le long et patient travail de l’Éducation Nationale avec vous depuis vos conseils de discipline, et que vous serez un jour humblement digne de représenter la culture que vous prétendez servir.
Bien à vous
FW"
Épilogue 1 : à la Banque centrale de Tunis (succursale avenue Bourguiba), après avoir constaté que ma situation était plutôt bloquée, on finit par m'indiquer... les gars qui, au pied des escaliers, pourraient m'aider à débloquer les choses ! ...
Je file au siège avenue Mohammed V, suis heureux de trouver un bureau dédié aux personnes dans ma situation et... tombe sur le cul :
- Oui, on pourra vous faire le change.
- Super ! Et pour quel montant ?
- Ah ! ça je peux pas vous dire, faudra donner tout à mon collègue et c'est lui qui dira...
Le chauffeur de taxi qui me mène à l'aéroport (je vais faire une ultime tentative à ses bureaux de change) m'engueule, une fois que j'ai payé (il a entendu un message furibond que j'ai laissé à une collègue) :
- On est pas tous malhonnêtes !
- J'ai jamais dit que vous étiez TOUS malhonnêtes, mais que c'est très très très très répandu dans votre pays et que j'en ai marre !
- C'est la faute de ce que vous [les Français colonisateurs] avaient fait ici !!
No comment, trop con... (avec sa petite barbe d'intégriste... et sûrement son cerveau irrigué de consanguinité).
Cela s'est débloqué en partie le soir à la cathédrale (personne n'était surpris de mes aventures, et une religieuse m'a proposé de faire du change avec un don reçu récemment en euros), et surtout avec Albert, le mari de Houda, qui a un compte français.
Une anecdote qui en dit long : revenant le dimanche suivant à Tunis pour l'échange monétaire avec le religieuse à la cathédrale Saint-Vincent-de-Paul et Sainte-Olive (Olive qui a donné son nom à la mosquée Zitouna de la medina), je monte dans un taxi car je suis à la bourre et indique la direction au chauffeur. Celui-ci croit que je vais faire une visite, me dit que c'est nul et qu'il vaut mieux qu'après il m'amène voir le site de Carthage, etc., etc., etc. et qu'il me fera un bon prix pour toute la journée. Je lui réponds en rigolant : "Et puis après, on fera l'amour sur la plage !". Et lui de s'emballer, les yeux pétillants de joie, le sourire radieux et rêveur : " Oui ! on fera chicha et puis on fera la prière !". Faire chicha = tirer une pipe (c'est le Français qui aurait fumé, évidemment). Je le laisse à son délire et le laisse con en lui réglant les quatre dinars de sa course et en le plantant là pour filer presto à la messe.
"See, sex and sun"...
Moins marrant, mais dans la même tonalité : un matin, j'étais seul au hammam. Arrive un gars avec son fils (ou son petit-fils, ou son neveu) d'environ 2 ans. Ils s'installent dans une cabine qui reste ouverte, et l'adulte frotte vigoureusement l'enfant (nu) au gant de crain. Une première fois, et généreusement, bien partout... Puis une deuxième. Puis ils viennent s'installer dans l'espace commun où je suis, et ça recommence... Le gamin se débat, tente de fuir, et contraint d'y repasser... On appelle cela une forme de viol, non ? Une amie née au Maroc m'a partagé que les ouvriers de son père lui avait fait la confidence suivante : ils y sont tous passés (entre les mains des mâles adultes de la famille), alors maintenant c'est au tour des enfants de se faire toucher, pénétrer et autre sucreries...
Y pas qu'Annie qui aime les sucettes...
J'ai de la peine à l'idée que, donc, la plupart des gars qui sont là, dans ces pays ou issus de cette culture, ont probablement été abusés sexuellement et perpétuent le trauma, de génération en génération. Cela ajouté aux délices de la circoncision dans la moyenne enfance en public et dans un merveilleux esprit de fête, et il y a de quoi devenir quelque barje. Me semble-t-il.
Épilogue 2. Le 13 mai, en plein voyage à vélo au cœur du Bénin, je reçois le message suivant :
"Bonjour Monsieur,
M. [la CPE], de Marguerite Duras à Nabeul, m'a transmis votre contact. Je suis Ph. G., ancien Proviseur avant El Hajali [nom modifié], et conseiller permanent des Idéales pour MD. Nous rencontrons beaucoup de désagréments avec El Hajali et j'aurais souhaité avoir votre ressenti sur sa posture et son management. Est-ce possible, par écrit ou téléphone si vous le permettez.
Bien cordialement, Ph. G."
Je n'ai eu qu'à transmettre la lettre du décembre (où les Idéales en prennent aussi pour leur grade...). Il semble que j'ai vu juste avec ce triste sire...
Les oranges de Nabeul
KORBOUS
Des eaux thermales aux vertus étonnantes : je les ai constatées par l'application de boues sur un genou sensible (je prépare sur la question une page d'un blog personnel dédié aux questions de santé).
Le reste de la péninsule du nord de la Tunisie est aussi riche en vestiges archéologiques, en particulier le magnifique site punique de Kerkouane :
J'ai aussi pu visiter une des nombreuses fabrique de la délicieuse huile d'olive locale :
TUNIS
J'y était déjà venu avec bonheur en 2012 donner un stage aux jeunes danseurs de Sihem Belkhodja, en échange d'un logement pour quelques jours.
Cette fois-ci, j'ai découvert le site archéologique de Carthage et la cathédrale Saint-Louis (qu’un merveilleux guide rapidement expédié m’a affirmé être le modèle de ND de Paris...) :
Et le splendide musée du Bardo (où, malgré tout, reste le souvenir d'un attentat islamiste récent... où certaines salles portent le nom d'une œuvre qui n'y est plus... et où on éteint les lumières pour vous faire sortir une demi-heure avant la fermeture...). C'est, je crois, le plus grand musée de mosaïques antiques d'Afrique du Nord (et aussi de coquineries - voir à la fin) :
Tunis, lieu aussi d'une rencontre importante en décembre, qui va être au centre de ma troisième expérience tunisienne de cette année scolaire.
Avec Saleem la veille de mon départ,
devant la cathédrale de Tunis où nous sommes rencontrés deux semaines plus tôt. L’énergie qui émanait de sa conversion à Jésus dégageait une belle lumière éminemment perceptible.
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