La TUNISIE sans concessions, saison 3 : ombres et lumières, thérapies et Evangiles, mensonges et ouverturfois es
Épisode 1
J'avais rapidement trouvé plein de sens à pouvoir passer près d'un mois (en janvier) avec mon père dans les Alpes et de finaliser ensemble le manuscrit de son livre sur son chemin dans la culture celte.
J'avais néanmoins cherché du travail, et alors que je woofeais chez mon amie Françoise, dans le Vercors, j'avais fini par signer un contrat avec le lycée français de Lagos pour une prise de poste à partir de la rentrée de mars. Je voulais pourtant retourner en Tunisie, pays où je ne désirais plus travailler (sauf avec un contrat de détaché, plus jamais en contrat local...), mais où il y a tant de choses à découvrir encore. Et en profiter pour retrouver au passage le jeune Saleem, dont la conversion de l'islam au christianisme suite à un rêve dans lequel Jésus lui était apparu m'avait fortement impressionné (nous avions gardé le lien et il me manifestait régulièrement le désir de me revoir, me demandant instamment de prier pour lui - j'allais bientôt découvrir pourquoi cette insistance).
Il me restait une bonne semaine : embarquement prévu à l'aéroport de Marseille. Sauf que le jour J, au guichet, on m'apprend que mon billet est pour le mois suivant : le lundi 24 février est diablement semblable au lundi 24 mars !
Dont acte, je repasse par le Vercors après avoir prévenu Saleem que nous ne mangerons pas ensemble lundi soir, mais que nous pourrons nous parler en visio mardi en fin de journée.
Cette conversation fut un électrochoc : Saleem m'apprend que le samedi précédent il a fait une tentative de suicide, que le vendredi suivant il allait être hospitalisé en psychiatrie à Nabeul (tient...), et qu'il avait dit à la médecin qu'il refuserait tout traitement chimique (il m'avait déjà exprimé ce refus lors de notre deuxième rencontre, en décembre, alors que je découvrais la face traumatisée et dépressive de sa personnalité suite aux horreurs vécues durant la guerre civile syrienne et à son obligation de fuir parents, métier d'avocat et pays pour éviter de subir le sort promis aux renégats en islam : la mort...). Je le mets immédiatement en lien avec Houda et lui suggère de s'ouvrir de ce qu'il vit à la religieuse qu'il voit le lendemain et qui l'accompagne dans son chemin vers le baptême, car elle ignore tout ou presque de lui... (je m'en suis mordu les doigts très rapidement, même si dans le fond j'ai dit ce qu'il fallait en l'incitant à s'appuyer sur les personnes pouvant l'entourer sur place). De mon côté, je n'ai aucune intention de retenter le voyage vers Tunis et ne lui promets rien... mais suis rattrapé avant de me coucher par la chanson de Paul McCartney This one ("T'ai-je déjà serré dans mes bras ? Si je ne l'ai jamais fait, c'est que j'attendais le meilleur moment pour cela, et il n'y a pas de meilleur moment que celui-ci") : aller le serrer dans mes bras, lui donner un peu de réconfort et de chaleur humaine ?
Et au petit matin du mercredi, je me lève avec la forte conviction qu'il me faut aller le rejoindre. Entre 5h55 et 6h15, billets d'avion et de bus sont achetés, je reprends la route de l'aéroport de Marseille. J'ai dès lors la sensation d'avoir posé les pied sur un tapis roulant, ou un tapis volant. Depuis le bus, j'envoie à Saleem la photo de l'icône de la Miséricorde qui m'accompagne toujours (je ne trouverai la version en arabe de "Jésus, j'ai confiance en toi" qu'en mai).
Houda, qui ne connaissait Saleem ni d'Éve ni d'Adam, allait agir comme une mère avec lui, et en particulier permettre son hospitalisation (puis la payer) car il fallait un garant tunisien que ni moi ni l'Église ne pouvions lui offrir. Elle allait surtout le faire avec cœur, douceur, absolu générosité et désintéressement. Le type même du "bon Samaritain" auquel Jésus nous invite à être les uns pour les autres. Je comprenais le sens de notre rencontre, le soir de mon arrivée à Nabeul à la mi octobre.
Depuis quelques jours, j'avais cherché sans succès du bleu de méthylène dont je désirais tester les supposées vertus thérapeutiques très publicisées dans mes réseaux alternatifs. En France, interdiction récente de vente au grand public en pharmacie. En Tunisie, rupture de stock généralisée depuis des mois semble-t-il... Sauf que le lendemain de mon arrivée, je découvre dans le quartier populaire de Bab Aliwa où j'ai mon petit hôtel, une pharmacie à la façade en bois peinte en vert, et que là il y a ce que je cherche. Rapidement Mehdi, le pharmacien, vient discuter avec moi, intéressé par mon enthousiasme à trouver enfin ce bleu sans doute si efficace et assurément si peu cher (d'où difficultés d'accès...). Nous sommes du même monde, nous le savons immédiatement.
Ce qui est troublant, c'est qu'il va me mettre en lien avec le Dr Afèf Charad, phsychiatre renommée sur Tunis à l'approche holistique remarquable (approche médicale habituelle + énergétique + art thérapie, etc.) : il me semble que c'est exactement ce que cherche Saleem (et je découvrirai plus tard, en avril, que le bleu de méthylène est un excellent antidépresseur, sans effets secondaires... Mehdi ne le savait pas, et c’est moi qui l’ouvre à la multitude des usages potentiels de cette teinture).
Je me sens dépositaire d’un trésor pour Saleem. Je m’en sens responsable...
Tout est organisé avec Houda pour accompagner Saleem à l'hôpital de Nabeul... sauf que j'en informe le prêtre Marco, qui prévient la religieuse qui en décide autrement : ce sont eux qui feront la job, et Saleem a beau avoir demandé que je puisse monter dans la voiture, c'est un non catégorique (je n'ai jamais rencontré ladite religieuse...). Qu'à cela ne tienne : je prends le bus, rejoins Houda... et nous arrivons à l'hôpital exactement au même moment que le convoi de Tunis (on appelle ça un "clin Dieu"). Alors que nous marchons vers le pavillon des soins psychiatriques, Saleem me donne une main tendue au possible... Nous devons l'abandonner à son entretien d'entrée. Quand avec Houda (équipée d'une oreiller, de couvertures, de gâteaux et de bouteilles d'eau, etc.), nous le retrouvons en début d'après-midi (les autres ont "fait leur devoir" et ont déguerpi), il est prostré sur son lit, et la médecin affolée : "il veut partir, il refuse le traitement !". Parfait, si c'est son choix : je laisse un message au Dr Charad et organise un hébergement pour le soir même au monastère de La Marsa (dont le supérieur sud-américain est hyper réactif et à l'écoute). Sauf que la médecin raconte à Houda puis à moi que s'il est possible effectivement de quitter volontairement l'hôpital (je suis au courant, je l'ai fait lors de ma dernière opération, contre l'avis des infirmiers et en signant une décharge), il y a (aurait) une exception pour le service de psychiatrie. Nous devons nous incliner... la mort dans l'âme... et abandonner Saleem aux antidépresseurs chimiques qu'il refuse... (il en aura pour des mois... voire des années). J'obtiens du directeur de l'hôpital de pouvoir prolonger ma visite au delà des heures normales, mais pas de passer cette première nuit dans le deuxième lit de la chambre de mon ami. Je fais, très rapidement, nettoyer cette chambre, qui était dans un état inimaginable, indigne : détritus partout et immondices dans les toilettes, le tout avec une douche (noire au sol alors) ne laissant sortir qu'un mince jet d'eau froide arrivant autour du bac... Quand je rentre de l'entretien avec le directeur, Saleem me prend dans ses bras et me soulève de terre : c'est qu'il est fort le gamin ! (il a 27 ans).
Rester comme accompagnateur m'avait été refusé (comme connaître le traitement administré) : j'avais eu beau tenter le tout pour le tout en usant de mon titre de docteur (en histoire, certes...), seul un membre de sa famille aurait pu obtenir ce que je demandais. Et alors née en moi l'idée d'adopter Saleem (la France a un excellent système d'adoption, ouverte aux célibataires et avec la formule de l'adoption simple, bien plus légère que l'adoption plénière). Et cela aurait pu permettre qu'il sorte doucement des griffes de l'administration tuniso-onusienne, pas même capable d'orthographier correctement son nom de famille sur sa carte de demandeur d'asile...
En sortant du bus qui m'a ramené sur Tunis, le Dr Charad m'accorde un entretien téléphonique (il est 22h environ...). Stupeur : Saleem aurait légalement pu sortir aujourd'hui car il s'agissait d'une hospitalisation volontaire ; l'interne (la "médecin" qui le suit) nous a donc menti pour lui imposer le traitement qu'elle estime être le bon pour lui... No comment.
Je finirai par me dire "let it be", qu'il en soit ainsi. Car le plus étrange dans tout cela, c'est que sans Houda, et donc sans moi, l'hospitalisation n'aurait pas été possible... La vie est bien étrange et mystérieuse parfois...
Le jeudi de la semaine suivante, je devais prendre mon avion pour Lagos... sauf que le mercredi matin, en marchant, me traverse l'idée de solliciter un report de prise de poste. De négociations en négociations, il me sera accordé pour deux semaines, sous le motif officiel qu'il me faut m'occuper de "mon fils adoptif"... Deux heures avant mon départ initial, je change mon billet... changement que la compagnie annule après coup : j'y suis pour une bonne somme d'argent, mais cela en valait la peine : outre de retrouver Saleem, à mon retour en France j'arrive à m'accorder avec mon père pour qu'il fasse en train (et non en voiture) un long trajet - qui sait si... ? La vie est bien insaisissable parfois... En écrivant ces lignes, je réalise aussi que mon retour a permis que Houda revoit Saleem (avec moi) : pour des raisons obscures, elle avait été interdite de le visiter dès le lendemain de son internement alors qu'elle lui avait promis de venir chaque jour... mais les infirmières lui demandaient tout de même d'aller acheter les médicaments pour le traitement de notre ami, de "notre gros bébé" - c'est que nous avons fini par vraiment l'aimer, ce petit Saleem ! Houda a pris sur elle... Clairement un chemin de sainteté.
Épisode 2
J'atterris dès le jeudi soir à l'aéroport de Tunis, suis copieusement insulté par un chauffeur de taxi pour le seul motif de n'être pas monté dans son véhicule... et finis par débarquer de nuit au monastère de La Marsa, qui a géré mon arrivée au pied levé - chapeau les frères ! Le lendemain 7 mars, c'est la fête de sainte Félicité et de sainte Perpétue : quand j'arrive sous une pluie battante devant l'amphithéâtre, lieu supposé de leur martyre où nous allons célébrer une messe, la première personne que je rencontre est... la sœur du catéchuménat : Dieu nous invite donc à une fraternelle démarche de réconciliation !... Arriver là (dans la seule partie du Carthage antique que je n'avais pas visité en décembre), ce jour-là pour cette fête-là avec cette réconciliation-là : on dirait bien que j'étais là où il le fallait au moment où il le fallait...
Le jour de la sortie, je suis invité à l'entretien final... et catastrophe : l'interne commence à se braquer quand je demande quels traitements ont été utilisés, et devient folle furieuse quand, très posément, je lui explique qu'elle nous a menti : je suis prié de sortir, et elle commence une explication très vigoureuse avec son "patient"... (le directeur, auquel j'avais écrit et avec lequel tout finira très bien, me répond qu'il me reproche d'avoir dit "qu'elle avait menti et ce mot pour nous les musulmans est un gros mot" - "tout le monde ment dans les sociétés musulmanes !" me dira en mai mon copain Hassan, Syrien de 81 ans exilé au Canada et en mission au Bénin ; mensonge sociétal qui est peut-être la conséquence du concept de taqîya dans l'islam...).
J'avais réservé une chambre pour Saleem dans l'auberge de jeunesse où je logeais sur Nabeul (non sans mal, du fait de son statut de demandeur d'asile... qui nous a valu la visite de la police à notre arrivée...) ; nous devions aller rencontrer la mer, puis le lendemain rejoindre le monastère de La Marsa après être passé visiter Mehdi et sa pharmacie, et peut-être le Dr Charad. Sauf que j'ai tout fait foirer en écrivant ensuite à l'interne tout le mal que je pensais de son attitude... sans mesurer qu'elle est vraiment totalement disjonctée : elle a appelé Saleem plusieurs fois jusqu'à le retourner complétement : il est reparti avec Houda sur Tunis rejoindre l'appartement de sa sœur (où il logeait, avec un beau-frère intégriste lui ayant promis la mort et l'ayant plusieurs fois agressé physiquement...), complétement fermé... Je croyais qu'on s'était débarrassé de l'hôpital et de ses folles, mais ils restaient tapis dans l'ombre : j'avais vendu la peau de l'ourse avant de l'avoir tuée... Erreur de jeunesse !
Saleem m'a exclu de ses réseaux sociaux pendant plusieurs jours et n'a plus jamais redonné de nouvelles à Houda... Je m'en suis tant voulu que je suis allé me confesser... C'est le prêtre chargé d'accompagner Saleem qui m'a reçu... et qui m'a demandé à la fin s'il pouvait utiliser dans son accompagnement les éléments que je lui avais partagés : de toute évidence, il n'avait vent que de la partie émergée de l'iceberg, et je connaissais mieux le petit gars au bout de trois mois que son accompagnateur après un an et demi... Cela m'a poussé, le jour de mon retour en France, à écrire à l'archevêque de Tunis pour lui partager ces éléments afin qu'il puisse aider Saleem au mieux en toute connaissance de cause, en particulier tenter de lui trouver un lieu de vie plus sain, serein et sécurisé.
Je ne reverrai pas Saleem en chair et en os : il n'a repris le lien avec moi que le samedi... et j'ai dû quitter la Tunisie en urgence dès le vendredi : le mardi, alors que j'allais me rendre seul au monastère, le supérieur m'a mis un message m'indiquant qu'il ne pouvait plus me recevoir, ordre de l'archevêché... L'archevêque étant en voyage, je parle le lendemain au vicaire général qui, très gêné, m'explique qu'il ne peut pas tout me dire au téléphone, qu'ils sont très surveillés, mais qu'il y a eu un signalement de la police me concernant ! Impossible donc de me recevoir, cela ferait prendre trop de risque à la communauté catholique locale, ce que je comprends très bien. Origine du signalement : le chauffeur de taxi qui me mène à la messe dimanche connaissait les lieux, me parle des chrétiens d'Égypte et accepte l'idée que je lui donne un Évangile. C'est lui donc qui me mène à l'hôpital le lendemain, et je lui donne le précieux livre bien caché dans un sac poubelle noir... Sauf que Mehdi, quatre heures avant mon départ vendredi, m'apprend que les taximen sont des indics de la police : c'est donc celui-là qui m'a dénoncé. Je m'en suis sorti à peu de frais : vite partir, et peut-être une note associée à mon nom sur les écrans de contrôle de l'aéroport. En Algérie ou au Maroc, j'aurais passé plusieurs mois ou années en prison : c'est chouette la liberté (religieuse) en pays d'islam !...
Mehdi, au récit de mes/nos mésaventures avec le monde médical tunisien, me permet de relativiser : un jour, il n'a dû qu'à son flair et à sa connaissance des us et coutumes locaux d'obtenir des médicaments dont dépendait la survie d'un de ses client - sans les salameks d'usages, sans avoir caressé dans le sens du poil les quatre employées du centre de stockage des médicaments de Tunis, c'était la mort par rupture de stock ("on n'a plus rien" s'est heureusement transformé en " ah ! on vient de trouver quatre boites"...). Mieux vaut mille fois être soigné en France, malgré toutes les réserves que j'ai sur notre système de santé, surtout depuis 2020... que de dépendre des affects et du professionnalisme à géométrie (in)variable de trop de personnes en Tunisie...
Épisode 3
La repise de relation avec Saleem me laisse l'impression mémorielle d'être retourné une troisième fois en Tunisie en mars. Mais non, simplement des échanges en visio ou par messages. Les plus touchants : le matin de mon anniversaire à Istanbul où il m'envoie un charmant mot avec une photo pleine de ballons, et le soir à Lagos où il m'appelle en direct (et me partage des questions profondes). Et aussi notre dernier long échange oral, où je le mets en garde contre la tentation de croire que se donner la mort, c'est tout résoudre : je lui partage les témoignages qui m'ont été fait de personnes ayant suivi ce chemin et qui en ont bavé ensuite dans l'Invisible (heureusement, elles ont pu compter sur nos prières et sont maintenant dans la Lumière). Peut-être le plus touchant : il m'appelait de temps en temps "baba", ou "daddy", ("papa", en arabe ou en anglais)... (il m'a fallu plusieurs jours après ces échanges pour l'appeler "mon fils", intérieurement...).
L'après-midi de ma prise de poste (lundi 24), je reçois la réponse de l'archevêque de Tunis à ma lettre du 14 :
Sous une apparente fraternité, deux choses m'ont violenté dans cette lettre : un petit mensonge (non, vous ne connaissiez pas si bien sa situation... à moins que vous ayez plus d'informations que l'accompagnateur direct...), et un regard de "conseil-jugement" qui m'a heurté. Je me suis permis le soir-même de faire cette réponse :
Mais quelque chose bouillait encore en moi, et le jeudi dans la nuit je transmettais ce courriel cinglant, qui élargissait le débat :
Mgr
Un peu de recul m’amène à compléter ce que je vous écrivais lundi sur le vif.
Vous avez compris que je répondais également implicitement à l’implicite de votre message. Besoin m’est d’être explicite.
Je prie pour que les Églises retrouvent la simple ouverture du cœur et l’accueil immédiat et inconditionnel dont témoignent les Actes des apôtres.
L'archevêque, sans doute pas vraiment habitué à ce type d'interpellations, a très probablement lu ce mot vendredi 28 mars au matin...
Le dernier message que m'a envoyé Saleem date du vendredi 28 mars à 11h17...
La raison me dit d'éviter d'établir un lien de cause à effet... mais mon intuition me dit le contraire. (Et Houda m'a souvent répété "il est très influençable"). Aussi ai-je résumé ma pensée le matin du 9 avril par une efficace expression idiomatique :
Un peu inquiet tout de même de mon audace verbal, j'ai été très agréablement surpris, lors de ma prière du milieu du jour, de constater que tout mon être se redressait (physiquement comme intérieurement) et que ma respiration devenait de plus en plus ample et fraiche. Bon signe d'ajustement... sans aucun doute possible !
Je tenais à continuer à partager à Saleem ce que j'avais à lui dire (en particulier qu'il m'avait fallu plus de temps pour moi pour l'appeler "mon fils" que pour lui pour m'appeler "papa") : il a laissé ouverts nos médias de communication, lisait mes messages (on sait plein de choses avec internet...), mais n'a jamais répondu.
Les 8 et 9 mai, juste avant de partir faire mon "pèlerinage béninois en vélo", je lui faisais mes derniers envois par le partage des icônes de la Miséricorde divine dont j'avais enfin trouvé la version en arabe (grâce la traduction de "Jésus, j'ai confiance en toi" qu'il m'avait faite le soir de mes 56 ans), et le renvoi d'une prière qu'il avait écrite pour nous quelques jours avant Noël lors d’une retraite au monastère de La Marsa :
De cette tranche de vie tellement intense, saturée de lumières et d'ombres, je garde quelques figures marquantes.
Houda et Mehdi, qui font partie des plus belles rencontres de mon existence. Houda, lumière simple et joyeuse, un cadeau du Ciel... en toute laïcité ! Mehdi, qui est devenu un ami.
Jean-Marie, ce prêtre qui a fait mentir le prêtre et le lévite de la parabole du Bon Samaritain. Le contact fraternel perdure entre nous.
Et Saleem, bien sûr. Envahi de lumières et ombres, dans son cheminement comme dans sa personnalité torturée et éblouissante à la fois. Je prie pour lui tous les jours, et il sait qu'il peut trouver auprès de Mehdi conseils et bons produits thérapeutiques, dont de la phytothérapie et de l'homéopathie que j'ai déposés à son intention à la pharmacie de Bab Aliwa.
S'il me recontactait, je lui répondrais évidemment, car je garderai toujours les bras et le cœur ouverts pour l'accueillir. Où qu'il soit, où que je sois. Je tenais à ce qu'il le sache car rien ne vaut l'explicite : c'est en particulier pour cela que j'ai continué à lui écrire un temps (en arabe, grâce à l'excellent traducteur DeepL découvert au lycée de Lagos), malgré son silence. Le mien est nécessaire maintenant, afin que le grain puisse mourir et donner beaucoup de fruits... un jour, quand le moment sera venu, peut-être . La vie est bien mystérieuse, si souvent...
À la relecture, je me demande si inconsciemment je ne savais que ce projet d’adoption était quelque chose de trop lourd à porter pour moi, et si cela n’avait pas fait que, d’une certaine manière (par mes interventions plus ou moins intempestives, à temps et à contretemps) je n’avais pas tout fait pour le faire avorter... Nous sommes bien insaisissables si souvent...
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