Puebla et Victor Hugo

 

Pour les deux semaines de vacances de Pâques, tout le monde me parle de Oaxaca comme the place to go. Alors j'y vais, d'autant que Claire, une collègue à la retraite depuis cette année, baroudeuse au possible (elle a dû faire toute l'Amérique latine à pied, et la France à vélo), jamais malade (sauf depuis quelques mois – « il faut bien payer ses imprudences un jour » se console-t-elle...), me donne l'info d'un circuit de randonnée entre 2200 et 3200 mètres à quelques kilomètres de Oaxaca : les Pueblos Mancomunados. Sitôt connus, sitôt élus : c'est là que j'irai, pour une bonne semaine de marche autour de Pâques.

            Sur la route, je m'arrête 29 heures à Puebla.

    Pas déçu : magnifique architecture coloniale espagnole (la ville, la quatrième du pays, fut fondée par les conquérants), intense vie culturelle.

    En plus de deux ou trois galeries et de la messe chrismale dans l'immense cathédrale à la mode sévillane...




Quelques pièces de l'exposition Laberintos  (Patricia Fabre)
(ce qui est beau aussi dans une galerie, c'est que tout le monde peut y aller, moi comme ce vieux monsieur au chapeau et au costume rapiécé dont la fragrance bien personnelle flottait derrière lui - en vérité, pas pire du tout que certains parfums féminins de grand renom...)



                                                
Souvenirs de la censure (d'une autre époque ?...), dans un passage publique

   ... je me suis offert : 

 * le MUSéE AMPARO, que j'ai trouvé remarquable, avec ses collections pré-colombiennes (dont l'ancêtre du Penseur de Rodin !)

de l' époque espagnole (sans intérêt pour moi), d'art moderne :

Francisco Taka Fernandez, Sans titre


Nestor Jimenez, La quinta revolucion cognitiva (2020)

Elise-Louise Manceaux (trois tableaux)

Tercerinquinto, Monterrey (1999)

Jan Hendrix, Sylva II (2021)

de rencontre des époques
German Venegas, Danza de Coatlicue (2013)

Cisco Jimenez, Olmeca con esfera de resina (2020)
Sofia Taboas et Eduardo Abaroa, Imaginario vegetal (2006-2017)

Dans les ascenseurs

et sa salle de photographies autours des mouvements zapatistes du Chiapas :




    * le MUSEE universitaire, avec une salle sentant la décomposition, abritant une double momie naturelle (une femme enceinte au crâne fracassé et son bébé avorté), deux restes de fœtus (un squelette et une momie faite par des étudiants...), et le clou de la visite : une tête réduite d'un guerrier Jivaro ! Autant dire que j'ai sorti mon sac à prières... (et pas pris de photos, par respect pour ces personnes) ; heureusement qu'il y avait quelques tableaux modernes sentant eux la joie de vivre !



Rufino Tamayo (trois peintures)

   * le MUSEE de la non-intervention enfin, commémorant la victoire mexicaine contre les troupes françaises le 5 mai  1862 (l’armée française est affublée ici du titre de « meilleure armée du monde » pour mieux mettre en valeur la première victoire de celle du Mexique) – si le Cinco de Mayo est une fête nationale au Mexique, il est surtout fêté… aux USA ! C’est du moins ce que m’affirmera Iván le jour suivant à Téotitlan, confirmant mon analyse : si Napoléon III ne s’y est pas vraiment bien pris avec son délire militaire, il a néanmoins eu une analyse géopolitique parfaitement ajustée en comprenant que les USA était une puissance en train de monter et de prendre une place démesurée dans le monde…

    Passage aussi devant la maison où commença la révolution de 1910

  découvertes des gourmandises locales, les camotes (pates aromatisées à base des tubercules du même nom) ;

    ... et visite à Victor Hugo (sur les recommandations de mon ami Jean-Marc, venu ici en 2009 faire une conférence sur notre grand écrivain), honoré ici pour avoir encouragé les habitants de Puebla à résister aux troupes de Napoléon III lors du siège de 1863.

     Comme les extraits de sa lettre ont été remplacés par des graffitis, la voilà dans son intégralité[1] :


[1] Victor Hugo, Actes et Paroles. Pendant l’exil, Paris, L’imprimerie nationale, [1875] 1938, p. 47-48.

    Voilà deux demi-journées plutôt bien optimisées et entièrement faites à pied, avec au passage un beau complément à ma série Siesta mexicana de l'an dernier :


    Sur le chemin de Oaxaca, je capture cette saisissante image de la montagne à la femme couchée :



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