Mexico, musées, visites guidées à gogo !

En 1950 Luis Buñuel, au début de Los olvidados (l'un des trois longs-métrages considérés comme "Mémoire du Monde" par l'UNESCO), rapproche New York, Paris et Londres de México, expliquant que ces énormes villes génèrent des flots d'enfants pauvres. Il ne savait pas que la Cuidad de México allait bientôt pouvoir rivaliser avec ses comparses sur un tout autre plan : au niveau culturel. Et bien plus que rivaliser : les dépasser sur plus d'un point.

Ainsi, Mexico le dispute avec New York la place de premiere ville du monde par le nombre de ses musées. L'impression que j'avais de cette surabondance (qui renvoie Paris dans le domaine de la province, même si les musées parisiens sont souvent exceptionnels) m'est confirmée par Haydée après ma conférence-atelier. Visite de quelques-uns de ces lieux riches et magiques. 


Le MUSEO SOUMAYA
Commençons par le plus spectaculaire : le musée que l'un des hommes les plus riches du monde, Carlos Slim (du niveau de Bernard Arnaud ou d'Elon Musk) a fait édifier pour héberger les oe uvres de sa fondation et qui a recu le prix Guinness des records pour la qualité de son architecture extérieure comme intérieure. Il est ouvert tous les jours toutes l'année et entièrement gratuit : du jamais vu ! Vive les riches qui font profiter de leur fortune.
À l'entrée, une réplique du Penseur de Rodin nous accueille et donne le ton.
Dans le vaste espace d'entrée en effet on trouve l'une des Portes de l'enfer du sculpteur français (à côté d'une immense réplique du David de Michel-Ange), mais surtout le 6e et dernier étage du musée abrite la plus grande collection mondiale de pièces de Rodin après le Musée Rodin de Paris. En clair, c'est une vraie forêt de sculptures (du maître, de son élève Camille Claudel et de certains de ses disciples).

On croirait les mains de Rodin tout droit venues de dessins de Delsarte...




Et puis...






(Ici, on découvre cette sculpture très osée inspirée du poème Lesbos de Baudelaire)

Et puis un plan incliné qui descend en spirale nous fait voyager sur les cinq étages inférieurs dans trois siecles d'art européen, mexicain et américain.

Découverte touchante pour moi des peintures du français Maurice de Vlaminck que je ne connaissais jusqu'ici que de nom :







Les horloges de Dali :

Une sculpture pleine d'élan :

Une collection unique de manuscrits et de peinture de Khalil Gibran, entre sa vie au Liban et son exil aux USA :



Etc., etc., etc.

El Greco :





Le MUSEO DE ARTE POPULAR

Une explosion de couleurs et de vie venue des quatre coins de cet immense pays (qui a perdu 52% de son espace national au XIXe siècle, volé par les Gringos...).










Le MUSEO DE ANTROPOLOGÍA
C'est tout simplement le plus grand musée de toute l'Amérique latine ! Une architecture monumentale autour d'un immense patio rafraîchit par une fontaine gigantesque, un amphithéâtre et deux niveaux : au rez-de-chaussée, des salles consacrées aux différentes civilisations préhispaniques ; à l'étage,  chacun des constituants du Mexique d'aujourd'hui bénéficie d'un espace à lui. Ce lieu est tout simplement fascinant, associant des pièces d'archéologie à des reproductions grandeur nature (en salle où en extérieur) d'éléments de temples ou d'architecture civile.


Le clou du musée est bien sûr la salle dédiée à México-Tenochtitlan, l'ancienne capitale aztèque dont des éléments ont ressurgi au cours des siècles, après sa destruction partielle en 1521.

La pièce maîtresse : le Piedra del Sol (Pierre du Soleil).


On y expose aussi une statue de Coatlicue, l'ancienne "mère des dieux" aztèque, qui est devenue par un tour de passe-passe (ou un coup de génie, au choix) des Franciscains la Virgen de Guadalupe, "Mère de Dieu " à la peau basanée qui lui vaut son surnom de "Morenita" (Marie, fille de l'Orient méditerranéen, avait assurément le ton mate, et sûrement pas la peau blanche de la plupart des statues et icônes la représentant).


 Cette statue, découverte et exposée un temps à la fin du XVIIIe siècle, a vite été cachée : des Mexicains venaient l'adorer ! Aujourd'hui encore, quelques adeptes des fêtes solaires aztèques viennent lui vouer un culte, directement au musée d'anthropologie. Une autre version :
C'est sûr que la Morenita est nettement plus sympa...


Le sacerdoce aztèque était bien plus intégratif des différentes dimensions de la personne que le catholique...

Certains hurluberlus défendent l'idée que les sacrifices humains n'existaient pas chez les peuples d'origine et auraient été une invention des Conquistadors. 


Ces couteaux sacrificiels donnent une douce idée des souffrances endurés par ces sacrifiés, que quatre personnes tenaient par les membres pendant qu'on leur ouvrait le ventre pour aller leur arracher à vif le cœur...

Il y a heureusement de plus belles choses, comme cette parure cérémonielle de Moctezuma, l'avant-dernier Huey Tlatoani empereur aztèque - (ici, c'est une réplique, l'originale se trouvant à Vienne).

Et :










Le MUSEO DEL TEMPLO MAYOR
Sous des bâtiments coloniaux détruits suite à des tremblements de terre, ont été mises à jour depuis le début du XXe siècle les ruines des différentes étapes du Temple majeur, à côté duquel a été construite la cathédrale de Mexico. 


Son Christ noir a pris la place des amoncellement de victimes des sacrifices humains aztèques, qui réapparaissent de-ci, de-là au gré des fouilles : ossements et, plus impressionnants, ces murs faits de crânes humains.


 Mais que de violences et de contre-témoignages pour mettre fin à ces horreurs... 

À côté des ruines, un espace muséographique complètement génial : j'ai consacré quatre dimanches à visiter le tout.









Que l'on se rende compte : le Temple majeur était le centre d'une agglomération estimée à 200.000 personnes en 1520. México-Tenochtitlan était alors la plus grande ville du monde !


Musées - je laisse la conclusion à mon amie Edith, qui lors de notre première rencontre à la salle Nezahualcolt me dit : 
"À la différence des Gringos (les Ricains), nous avons une profondeur historique au Mexique. Sur elle, nous pouvons nous appuyer pour construire notre identité et développer notre originalité au sein de la modernité occidentale."









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