Les rumeurs de la ville


Quand le lendemain de mon arrivée au Mexique, le 26 août 2022, entre 7h et 8h du matin, alors que j'allais avec Frédéric à notre futue école, je me suis pris ÇA dans les oreilles et qu'on m'a expliqué que ÇA pouvait frapper à peu près n'importe où n'importe quand, j'ai compris que vivre dans le centre de México aurait tout d'une pénitence  - et c'est sans doute le premier élément de ma future démission (et de mon déménagement en périphérie qu'elle a permis) (ici, version semi-soft, dans le centre c'est deux fois plus fort... pour couvrir les bruits de la rue !) :

Le côté génial, c'est que tout est racheté ici pour être recyclé. On va traquer le moindre bout de ferraille par camion, vélo ou charriot, quelques soient les rues :

Mais quand j'entends su loin ce refrain obsessionnel et lancinant, c'est l'alerte rouge !

C'est un tout autre refrain avec les annonces des vendeurs de tamales (préparations à base de farine de maïs), qui me font pouffer de rire avec leur accent à la mélodie unique au monde ! Version 1 (le jeune vendeur a préféré ne pas apparaître à l'image, dommage) :

Variations sur le même thème :


Quand c'est du direct, c'est plutôt des cris qui rappelleront aux plus anciens le crieur d'antan chez nous :

Cris répétés à l'envi des heures durant - un peu dur quand on travaille juste à côté...


Pour tous les goûts y'en a :


Parfois, les techniques pour appâter les clients allient les gestes aux paroles :

Version masculine...ou féminine :
Pour appâter les clients, tous les coups de gueule sont permis :



"Que bárbaro!" conclut cette annonce ambulante un rien haletante :

Mais le summum des annonces exubérantes, c'est au Vendredi saint le plus hallucinant que j'ai connu, dans le quartier d'Itzepalapa où plus d'un million de personnes se sont retrouvées pour...une immense kermesse où la crucifixion de Jésus avait tout du prétexte pour faire la fête (certains faisaient ce qu'ils pouvaient pour christianiser l'affaire, et j'y ai reçu un Nouveau Testament des Gedeon distribué par de belles âmes) :

On peut faire pire ? Si, si, on peut faire pire -
ainsi s'annoncent les marchands de camote (patate douce cuite au feu de bois ambulant, aspergée de lait concentré et saupoudrée de cannelle et de petits confettis sucrés) :


 Ça, c'est la cloche qui te dit que le gros camion dégoulinant de poubelles est arrivé dans le quartier et qu'il attend ta contribution :


Avec David, ces orgues de barbarie jouant archi faux étaient le supplice de nos douces oreilles de musiciens affinées :

Il y a parfois (c'est très très rare...) d'heureuses surprises :

Sur la route, bien (trop) des bus sont un rien percussifs :
(et en général, ça allie le nuage de CO2 au tapage diurne ou nocturne)


Après six mois d'analyse quotidienne de terrain, je peux l'affirmer : on utilise les klaxons comme des percussions dans la Cuidad de México... C'est qu'entre le stress de personnes qui peuvent passer plus de 4h par jour dans leurs bagnoles, la Chris des conduites aléatoires obligeant à prévenir tous les possibles...et le goût très prononcé de beaucoup pour le bruit (klaxonner à 23h ou minuit dans mon quartier ne semble déranger personne d'autre que moi, tirer des pétards en guise de méditation avant la messe ne semble heurter personne d'autre que moi, laisser les cabots hurler de jour comme de nuit à en devenir une sorte de poulailler assourdissant ne semble gonfler personne d'autre que moi...).

Mais plutôt que de partager un horrible concert de klaxons, je préfère donner une courte idée de l'enthousiasme qui conclut chacun des concerts auxquels j'ai eu la chance d'assister :

De la musique à la danse, il n'y a qu'un pas, et il suffit de descendre dans la rue (ici au Zocalo, la place centrale de Mexico) :
Ces danses aztèques ou venant des autres peuples préhispaniques sont les plus anciennes dans sacrées et folkloriques des Amériques. Elles sont totalement absentes du répertoire du (soit-disant) "Ballet folklorique national du Mexique" (qui donne généralement ses spectacles aux Palacio de Bellas Artes, pour plus de 1000 pesos/50€ la place) :
Décidément, la culture coloniale reste structurante de beaucoup d'aspects de la société mexicaine. J'aime à recréer le mélange des genres qui est la vraie réalité du Mexique :


Et beaucoup plus simple et spontané, ces danses dans les parcs ou sur les trottoirs qui me font craquer à chaque fois et me disent que je suis un peu d'ici :
Synthèse entre les différentes réalités mexicaines : les cloches de la cathédrale résonnent sur les ruines de l'ancien Templo Mayor aztèque redécouvert depuis quelques décennies :

Et quand il n'y a ni le PFH (Putain de Facteur Humain : radios des voisins dès 7h du mat ; musique sans retenue des voisins - une fois, réveil forcé à 6h15 malgré boules Quies sur le rock métal d'un fou furieux du quartier, plus régulièrement des fêtes nocturnes pouvant se finir tard le matin, malheureusement avec ici des rythmes gringos trop souvent à mon goût) - ni le PFC (Putain de Facteur Canin, voire ci-dessus)... 
Donc quand il n'y a aucune raison de fuir  à grands coups de pédales, voilà le coin de paradis sur lequel donne la petite chambre que j'occupe encore pendant quelques jours,  où le chant des oiseaux se mêle au silence :


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La TUNISIE sans concessions, saison 3 : ombres et lumières, thérapies et Evangiles, mensonges et ouverturfois es

Le BÉNIN : bénie surprise !

BÉNIN : un GLOBAL UNDERSCORE historique