Cuernavaca, mon amour...vache !


Cuernavaca, la ville du printemps éternel : après les îles de l'éternel printemps (les Canaries), j'arrivais dans un lieu fait pour moi, c'est sûr ! Avec plus de 12°C la nuit qu'à Mexico qui se trouve de l'autre côté des montagnes, la douceur est partout en de début mars, et je suis heureux de retrouver la chaleur humaine un peu plus rare à Acapulco. Une piscine dans le lieu que le loue est aussi une excellente transition entre l'océan et l'immense ville qui m'attend. J'étais venu pour deux nuits, je suis resté une petite semaine - pas trop pressé de rentrer...

Visite rapide.

 Il y a le centre historique, très vivant mais sans exubérance. Son beau château d'Herman Cortés.

Son superbe ensemble cathédrale.







Et ma guide spéciale, une maman d'élève, m'a permis de découvrir des lieux plus insolites.

Virginie m'a d'abord dirigé vers la Capilla de Palmira, de l'architecte Félix Candela. Réinterprétation moderne des chapelles ouvertes des Franciscains mexicains. Superbe. 


Superbe intégration de la nature dans le bâtiment.



Superbe vue sur la ville en face.


Cerise sur le gâteau : une célébration commence au moment même où j'arrive - mieux qu'une visite, une expérience du lieu dans son essence.



Le lendemain, découverte du MMAC Juan Soriano. Au milieu du jardin de sculptures de l'artiste, je déniche un petit musée sonore assez génial, dédié à la musique de Juan García Esquivel.









Et le surlendemain, coup d'œil au Centro Cultural Teopanzolco, théâtre moderne qui fait face à un site archéologique.



Ici, à la différence de Mexico et de Mérida, les envahisseurs n'ont pas détruit les pyramides, sans doute parce que les Tlahuica se sont alliés aux Espagnols pour détruire l'empire aztèque.


Ce plan en proue de bateaux dominant la plaine me rappelle le magnifique théâtre Mahmoud Darwich de Ramallah, surplombant la plaine menant à Jérusalem, la ville de la paix...un jour...

Ici, c'est le monde à l'envers : si ailleurs on a parfois cherché à me sucer illicitement quelques pesos à cause de ma gueule d'Occidenal, ici on est honnête et on me donne : Miguel (un voisin de location) m'offre une soupe maison le soir de mon arrivée, Marilú (la propriétaire, 72 ans) m'invite à la manger chez elle et la complète de tortillas, puis le lendemain et quatre jours plus tard m'offre un grand verre de jus de fruit fait maison ; Yolanda (patronne d'un petit resto familial) me resserre de tous ses plats et de son agua de sabor sans augmenter le prix du menu ; Francisco (qui travaille au Centro Cultural Teopanzolco) m'offre un litre de jugo verde (jus pressé sur place avec orange, ananas, épinards et persil) ; Laura (qui fait des tamales et des champurados jusqu'à 22h) me donne une entrée gratuite pour un parc aquatique, et le lendemain un petit verre de champurado en extra ; Lazaro (un autre voisin, 78 ans) insiste pour m'échanger ma connectique USB qui fonctionne très mal, contre l'une des siennes qui est parfaite ; le patron d'un magasin de vélo me change un porte-smartphone en plastique mort en moins de 24h contre une version métallique sans me faire payer la différence de prix... Bref, je me sens super bien humainement parlant dans ce coin de printemps éternel !

Tout pour tomber en amour de Cuernavaca.

Sauf que l'une des spécialités locales, c'est le n'importe quoi absolu en matière de conduite automobile - Mexico et Acapulco sont enfoncées, et de loin !...


Dans la minute suivant mon arrivée, j'en ai de suite fait l'expérience. J'étais certes à contresens (chose très habituelle à Mexico), mais cela n'autorisait pas le vieux c. dans son 4x4 à me foncer dessus avec un air supérieur - ce qui est bien dans les situations d'urgence, c'est qu'on peut vérifier l'intégration de certains apprentissages, et là je sais maintenant que je parle un espagnol tout à fait correct en matière de langage populaire... 

Trois minutes plus tard, je n'ai dû qu'aux excellents freins à tambours de mon vélo de ne pas me scratcher sur un taxi qui m'a tout simplement fait une queue de poisson.

 Juste après, c'est un minibus colectivo qui manquait de peu d'exploser une voiture à laquelle il faisait aussi une queue de poisson...

 Deux jours plus tard, les bons freins du vélo ont permis que j'ai atterrisse en douceur sur le capot d'une voiture qui venait de me couper la route - une famille très gentille est sortie de la bagnole pour s'enquérir de mon état, confirmation que des personnes vraiment sympas peuvent devenir complètement dégénérées au volant d'une voiture (René Dumont avait décidément mille fois raison). 

Et le lendemain, je n'ai dû qu'à la douceur du démarrage d'un taxi que je dépassais sur la gauche, à ne me retrouver qu'un court moment lové sur la fenêtre du conducteur, qui ne m'avait pas calculé (il aurait démarré en trompe, c'était bing, vroum, scratch...). 

Là, je me suis dit que si l'école internationale où j'ai déposé une candidature m'embauchait, je signerais un contrat le temps de faire renouveler mon visa, et démissionnerait immédiatement après...

Où commence le tronc, où finissent les racines ? 
(Parque Barranca Chapultepec, Cuernavaca)


Autre petit point faible : les absurdités "sanitaires" post C19 ont la vie dure ici, et nombre de personnes avancent malheureusement encore masquées. C'est la faute à la législation de l'État de Morelos, qui s'est comme arrêtée dans le temps - on essaie par exemple de vous engluer les mains à coup de gel à l'entrée de certains parcs (au demeurant superbes et ressourçants), ou  à la messe juste avant la Communion... donnée dans la bouche ! Faut dire qu'il ont élu à la tête du pouvoir local un footballeur, ça n'aide pas... Mais je leur ai donné quelques bons coups de main !... et cela devrait s'évaporer bientôt ici aussi, comme ailleurs...


Alors oui, tombé en amour avec Cuernavaca, mais en amour vache... comme son nom l'indique. Pas plus que les Anglais avec le français, les Espagnols n'ont compris le nahuatl. Chez Shakespeare, "cité" est devenu city et "global" a fini par signifier "mondial". Chez Cervantès, le nom de  la capitale des Tlahuica  - Cuauhnáhuac, « Le lieu près des arbres » -, est devenu « Cuernavaca », assorti d'une étymologie fantaisiste : cuerno (de) vaca, c'est-à-dire «corne de vache ».


Mais il me fallait sans doute un bon coup de corne dans les fesses pour aller visiter les logements que Ricardo, Chela, Gaudencio, Nelly et Abraham (du comedor de Xochimilco), Virginie (la maman d'élève) et Paola (ma première élève) ont trouvés pour moi sur Mexico. Finie la vadrouille... bientôt !

Sur les murs de la ville où dans un musée, au hasard des déambulations :
Lune dans le ciel
Dormit
Toute la nuit
Puis s'en fut en silence 

Avec la peur
Tu n'iras nulle part 

Les anciennes et les cuisinières
Conservent le savoir mexicain le plus ancien 


Il ne se rendit compte de rien, 
mais un jour pareil aux autres,
 la tristesse s'en fut, 
se dénouèrent en lui la douleur et la peur...
il reprit des forces et vola comme jamais !

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