Le travail, c'est la santé !

Les mois de septembre et d’octobre ont été ceux de la recherche d’élèves et des tentatives de prises de contact avec le monde de l’université et de la danse. De ce côté, une réponse intéressante d’une danseuse qu’on m’avait recommandée à Mexico, praticienne du Contact-Impro et de pratiques somatiques conviviales : « Je quitte bientôt Mexico, je ne vais pas passer du temps à aider quelqu’un d’autre à y faire son trou ! » - dans la droite ligne de ce que j’ai expérimenté souvent en France : des pratiques super-ouvertes et relationnelles, et derrière des putains de besoins de s’affirmer et bien peu de vraie fraternité… Donc, de ce côté des milieux de la danse alternative, rien. 

Coté université : une seule rencontre suite à ma foultitude de message… mais de taille : Haydée Silva Ochoa, professeur de renommée internationale pour l’enseignement du français comme langue étrangère (FLE), spécialiste du jeu dans les apprentissages (elle arrive volontiers dans les amphithéâtres avec des baguettes magiques, des chaussures à la Cendrillon et des chapeaux dignes d’Harry Potter ! et une ribambelle de jeux de sociétés précisément choisis) ; elle a fait son doctorat à Paris et a été prof invitée à l’Université de… Grenoble ! Elle me propose de donner une conférence au printemps sur le chant dans l’apprentissage des langues.

Côté ambassade de France : rien. Rien d’étonnant : mon ami Jean-Marc avait été invité par un étudiant de Puebla pour le bicentenaire de Victor Hugo (il en est THE spécialiste et a fait le tour du monde cette année-là pour parler de notre grand écrivain), quasi sans soutien du service culturel de l’ambassade de Mexico, qui aurait dû lui dérouler le tapis rouge…

En revanche, la directrice du Centro Nacional de Invetigacion en Danza (CENIDANZA), recommandée par ma vieille compagne en Delsarteries Nancy Ruyter juste avant qu’elle ne parte en maison de retraite californienne, m’a longuement reçu début octobre et m’a ouvert des contacts et des projets à bâtir. J’ai déposé des propositions d’articles et d’ouvrages en espagnol, et des propositions de conférences en mouvement autour de Delsarte et de la Téhima (danse des lettres hébraïques). J’attends d’éventuelles réponses… mais la directrice de l’École Nationale de Danse m’a déjà manifesté son intérêt (réunion en visio projetée en janvier). Pour l’instant, le plus concret est un surprenant cadeau de Noël : la directrice de l’École Supérieure des Arts du Yucatan (ESAY) m’a écrit le 26 décembre (je l’avais contacté y trois semaines auparavant) pour me proposer de donner un stage de 4h fin janvier à Merida. Génial ! C’est vraiment cela que j’ai le désir de partager ici. Des nouvelles si cela est bien confirmé.

La rencontre avec la directrice du CENIDANZA a été l’occasion de découvrir une institution exceptionnelle que bien des pays (dont le nôtre) pourrait envier : le Centro Nacional de las Artes (CENART), qui regroupe sur un immense site avec jardins, restaurants, magasins spécialisés,  les écoles nationales de théâtre, de danse, de musique et de cinéma, avec des salles des concerts et des amphithéâtres en intérieur ou en extérieur de toutes tailles, un complexe cinématographique et des studios d’enregistrement, de radio et de cinéma, le tout associé avec les quatre centres nationaux de recherche dans chacun de domaines artistiques concernés, plus une grande bibliothèque des arts à l’accès libre et gratuit. Fabuleux !




Mais pour l’heure cela m’a pris beaucoup de temps, sans (encore ?) me rapporter un peso…

Mes seuls revenus durant un peu plus d’un mois furent les deux heures de cours de français donnés les jeudis à Paola, jeune chercheuse en biologie de l’UNAM (Universidad Nacional Autonoma de México) – 1700 pesos (85 euros). Paola m’a donné l’occasion de découvrir la fabuleuse salle de concert Nezahualcoyotl de son université, peut-être la plus belle salle de concert du pays ou des pays hispanophones d’Amérique : pour la journée du médecin (youpi !...), concert offert avec au programme, en particulier, les Carmina burana – excusez du peu…



Puis subitement, les élèves sont arrivés, voire ont afflué : Leah et Émile les lundis et vendredis, des petits Mexicanos-Québécois de 13 et 11 ans qui devraient retourner vivre à Montréal l’an prochain avec leurs parents, et qu’il s’agit de remettre à niveau côté français ; Carlos, un étudiant de 21 ans en cuisine (pour devenir Chef comme on dit ici), qui veut en apprendre tous les mercredis sur la langue du pays de la gastronomie ; Inès du lycée franco-mexicain de Polanco (le quartier le plus riche de la ville), une petite Franco-Mexicaine pourrie-gâtée de CM2 que je suis dans ses devoirs les mardis. Avec chacun et chacune, les relations sont belles et simples, assez joyeuses et pleines de confiance. Je vais assurer le suivi de mes élèves lors de mes voyages de janvier-février dans le Sud grâce à des visios régulières.

 J’aime beaucoup les cours individuels, même si cela reste aléatoire côté revenus (je ne fais pas payer les cours annulés, même au dernier moment…)  - mais cette année est l’occasion de faire cette expérience, et quand on a un petit loyer, l’aléatoire a peu d’importance : je vis avec très peu.

Au total, tous mes après-midis ont été plus ou moins occupés par mes cours. Il me restait les matins pour retravailler « mes » versions des danses des lettres hébraïques (en chantier depuis fin 2019) et préparer des powerpoints pour chacune afin d’être prêt si on me demandait de les transmettre à partir de février (il me faudrait alors les passer en espagnol). Cela s’est achevé le dernier jour de décembre. Voilà vraiment le sens de ma présence dans la chinampa avec l’accès à un beau jardin et à une piscine désaffectée baignés de soleil : l’idéal pour faire des allers-retours entre mon ordinateur et la recherche en mouvement. L’idéal vraiment. Merci !

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