El Día de Muertos : préparations

"VIVA LOS MUERTOS !!!"

C'est peu de dire que la fête des défunts est vivante au Mexique ! 

Vivent les morts ! Et vivent ceux qui les célèbrent.

C'est bien la première fois de ma vie que je sens une ferveur pleine de joie dans la célébration de nos disparus aimé.e.s. Et que je sens cette ferveur joyeuse me pénétrer au plus intime de moi-même... Les traditions des peuples premiers ont réussi à faire croire aux chrétiens à la joie de la Résurrection, chapeau !...

Ce superbe reportage donne le(s) ton(s) dès le début :

https://youtu.be/bXroiVC5wJ0

"Nous les Mexicains nous profitons de la vie 

parce pour nous la mort est très présente " 

 Tout un programme ! et qui se décline dans le temps.

La fête nationale mexicaine à côté : de la gnognotte : un jour ou deux, et basta.

El Día de Muertos commence au moins un mois à l'avance avec l'apparition du Pan de Muertos, des petites viennoiseries délicieusement parfumées barrées d'une croix grecque, puis la vente de cempasúchil, ces fleurs orange (et parfois jaunes) qui remplacent nos chrysanthèmes en bien plus simple et bien plus joyeux ; puis cela ne fait que s'intensifier au fil des semaines, jusqu'à littéralement envahir toute la ville, des églises aux façades d'immeubles, des jardins aux halls d'entrées, des écoles aux universités, des places de marchés (qui doublent de volume, au minimum, en particulier avec la vente de fleurs ad hoc) aux premières prairies des Dínamos , à 2700 mètres d'altitude. Bref, c'est la grosse affaire mexicaine ! Un gros coup commercial aussi, évidemment...

                                                               

Je vais partager essentiellement des images, et finir par un court texte. On va voir que bien souvent, les "Muertos" semblent bien plus vivants que nous autres... (surtout les Occidentaux ?...). Des autels un peu partout leur sont dédiés, souvent somptueux de beauté. C'est sans doute pour détourner le mot de la mort qu'ici on lui met une belle majuscule.
Exubérance de squelettes joyeux !

                                 



Le meilleur pour moi :

Au Zocalo (la principale place de México), où furent dressées un autel accompagné d'une squeletesse géante pour chaque Etat mexicain :

À 2700 m, ça swing des os !

Un bureau fermé à la fac des langues de l'UNAM :

                             

Et dans une autre université :



Versions croustillantes :


La veille de ce jour férié, c'est déguisements à gogo, très rarement glauques comme en Gringolandia, presque toujours joyeux et colorés, parfois accompagné du costume de circonstances :

Les Mexicains récupèrent un peu de l'Halloween des Gringos, mais le convertissent presque automatiquement à leur sauce aimable et joyeuse, comme le dit merveilleusement cette citrouille plus que sympathique :


Et les hordes de mômes déguisés en monstres, sorcières, vampires et autres sordités, venant avec autorité quémander leurs bonbons comme un dû - sont remplacées ici (du moins dans mon quartier ) par des groupes de gamins de toutes les couleurs venant réciter un Notre-Père puis chanter une petite ritournelle charmante pour demander leur calaverita, leurs friandises. (Dans la rue entre les deux ponts, seules les deux maisons les plus riches, enfermées derrière leurs grilles, annonçaient tristement que "Pour raisons sanitaires, on ne donnera rien aux enfants"... Pauvres d'humanité !...). 

Cela n'a rien à voir in fine avec les mœurs de Gringolandia mais s'ancre pleinement dans les traditions mexicaines : il y a encore une dizaine d'années, les enfants entraient dans les maisons, venaient prier pour les défunts devant les altares et s'en allaient en emportant avec eux une des offrandes de l'atar qu'ils avaient choisie. Une tradition pleine de sens donc, et de quel sens !

Difficile de rejoindre Xochimilco le soir de la Toussaint : la rue était quasiment bloquée par un char de mecs déguisés en femmes - j'ai découvert ensuite qu'il y en avait partout, ce qui donne comme un vent de folie à toute cette histoire...

Le temps de sortir mon appareil pour tenter de prendre ce dodu travelo, et me voilà entouré en quelques secondes d'une dizaine de fifilles à barbe ayant enjambé mon vélo et me pelotant dans tous les sens ! "Je vais passer un mauvais (ou un excellent...) quart d'heure" : à peine eu le temps d'y penser que tout s'était résolu dans la joie et la bonne humeur !

Je rentrais de Mixquic, un des Pueblos mágicos (villages magiques) où le Día de Muertos est particulièrement éclatant.
C'est là que le jeune Gabriel m'a appris à bien lire les signes laissés par les pétales de Cempasúchil : 
C'est un signe de bienvenue pour les défunts (ceux partis de mort non naturelle sont accueillis dès le 28 octobre, les autres le soir du 1r novembre - c'est donc la peine des familles qui détermine  la durée du séjour).
Et ensuite, les pétales montrent le chemin pour entrer dans la maison. Mon propriétaire Ricardo, le lendemain, me montrera même les pétales laissés sur tel ou tel siège pour tel ou tel défunt : en me montrant celui où a été accueillie sa femme décédée l'an dernier, il a fondu en larmes...

En guise de conclusion, je vais laisser la parole à José Luis, dont j'ai trouvé la trace lors de ma première ascension de la Coconetla (3320 m.), vers la fin octobre :

"Je vais mieux que jamais
Je te bénis, te protège
Et d'où je suis je te souhaite le meilleur"



 


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