Le beurre, l'argent du beurre ...et l'cul d'la crémière !

Après avoir donné ma démission de l'école où j'avais été embauché (du luxe pour un gars de la fonction publique ! mais dans la continuité du largage de mes deux premières directrices de thèse - pour mon plus grand bien et celui de ma recherche), j'ai dit au directeur  "On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre !"... 

Sur mon vélo, j'ai réalisé qu'il manquait la fin du dicton : "...et l'cul d'la crémière !" 

Explications.

Le bel arbre (classé) de la cour de l'école : superbe ...et comme un écho du "cul d'la crémière" ?!...

ET L'CUL D'LA CREMIERE : le gag de cet été, amplement partagé car marrant tout autant qu'inquiétant, a été la réponse du dirlo quand je lui ai dit que j'avais pris mon billet d'avion : "Vous venez dormir à la maison ? Mon mari mexicain n'est pas là, il est à New-York pour le travail. J'ai deux chiens, ils sont gentils mais un peu collants". 👰💥💨Vive les chiens : le dégoût qu'ils m'inspirent m'a permis de dire poliment au dirlo que je ne comptais ni mêler relations professionnelles et amicales, ni remplacer son mari dans la couche matrimoniale...! J'allais découvrir que tout cela été prémonitoire et que la confusion relationnelle était une manière de gouvernance... 


LE BEURRE ET L'ARGENT DU BEURRE : Où L'ON DéCOUVRE CE QU'IL Y A ENTRE LES LIGNES DU CONTRAT

J'avais signé un contrat pour un classe de sixième avec six élèves, et j'avais proposé d'animer une ou deux chorales , comme je le faisais en France (avec bien sûr présence des enseignants des classes). En ouvrant mon emploi du temps et les documents de rentrée, j'ai découvert que j'étais devenu aussi "professeur spécialisé" option éducation musicale (il y a d'autres profs spécialisés dans cette école : sciences, langues, arts, remplaçante... j'étais le seul avec double casquette) : j'avais toutes les classes à animer les unes après les autres et les autres enseignants étaient en vacances durant ce temps-là ! Cela sans aucune concertation préalable. Demander la présence des titulaires au moins pour les premières séances (histoire de placer les élèves et de participer à la gestion du groupe) m'a immédiatement valu en réunion de pré-rentrée le gain de deux ennemies et les grincements de dents de tous les autres collègues. L'une de mes nouvelles ennemies a aussi été rapidement super-jalouse du privilège que j'avais obtenu : pour que ni moi ni mes élèves n'ayons à porter le masque (obligatoire en intérieur - sauf en chorale, je l'avais négocié), nous avions l'autorisation d'aller travailler sur la terrasse de l'école où sont installées des petites tables avec parasol. Manque de bol, la classe de l'enseignante en question donne sur cette terrasse : je lui volais "son espace" ! C'est petit (comme disait mon amie Anne-Marie, qui en tant que directrice d'un centre culturel, avait souvent bossé avec des instits...). 😝

Déception à l'arrivée dans l'école : le dirlo m'avait dit qu'il y aurait une salle multi-usages très propice à une chorale. En fait de salle ad hoc, il a hésité quelques jours à nous mettre dans la bibliothèque, avant d'opter pour la salle de cantine servant aussi de salle des profs quand les profs spécialisés prenaient les classes des titulaires (ils n'avaient pas toutes l'éducation d'y venir en parlant à voix basse...). Il fallait pousser tables et bancs, se coincer entre un paravent et les tables des profs et du personnel de ménage, se taper le bruits des classes en récréation (quasi pas d'isolation phonique), les bruits des élèves de la classe au-dessus (pas de faux plafond) et les hurlements occasionnels de leur maitresse... Idéal effectivement comme espace dédié au chant, à l'écoute, à l'éducation au silence...et pourtant on a pu faire du beau travail avec quelques classes ! Miracle...🙏

Autre découverte, de taille : entre le contrat signé et les demandes de présences obligatoires à l'école, on est à une différence de plus de 16 jours sur l'année, soit plus de trois semaines !... Cumulé aux 4h30 hebdomadaires que représentaient pour moi les temps d'éducation musicale avec six autres classes, cela commençait à faire beaucoup...beaucoup trop. 

Et si j'avais déjà trouvé étrange lors de nos entretiens en juin que le directeur parle de "campus" quand il s'agissait de désigner les deux sites de son école, je me suis demandé s'il ne me prenait pas pour une prise de guerre quand il a eu la très mauvaise idée, sans m'en parler, de diffuser mon CV universitaire à tous les collègues : moi qui suis toujours très discret sur mon parcours pour ne pas créer distance, défiance ou jalousie, j'étais servi ! 

Résultat : réunion hyper-violente le mardi 13 avec mes ennemies et la directrice adjointe (du jamais vu en 26 ans de carrière - mais mon petit doigt me dit qu'elles avaient une amie enseignante fraîchement arrivée de France - évoquée en réunion générale juste avant - à caser dans l'école...). 😡💥😱💥😈💥Cela a emporté ma décision, en germe depuis quelques jours, de jeter l'éponge. Non, je ne suis venu au Mexique pour vivre une situation encore pire qu'en France (où j'avais quand même récolté de trois lettres de dénonciations en six mois, à la mode des délations qu'on aurait aimé croire être d'un autre temps... ✋ Attention à vous qui êtes en France : la délation anonyme a été encouragée à l'occasion du covid, elle va l'être sans doute pour le chauffage et les "19 °C" comme cela se met déjà en place en Italie et en Suisse... ✋). 

ET PUIS : j'étais de plus en plus mal à l'aise avec les confusions permanentes entretenues dans cet établissement (communications imposées par WhatsApp, installation sur mon ordi d'un logiciel de messagerie professionnelle avec notification de message du dirlo pouvant arriver parfois à 22h, anniversaire du dirlo fêté à l'école, invitation de toute l'équipe chez le dirlo le dimanche - je n'y suis bien sûr pas allé,, mais on devient vite marginal à être trop indépendant et libre - etc.). 

ECOUTE des signaux corporels m'interpelaient depuis le début (dos bloqué dès le 3 septembre ; genou droit très douloureux plusieurs fois alors que je travaillais à l'école, jamais en dehors ; sommeil très léger). Cela a fait partie de mes éléments de décision. 🙌

BREF je n'avais en fait rien à faire ici, malgré le vrai plaisir que j'ai eu à accompagner durant deux semaines six élèves agréables et brillants, à partager de bons moments avec la plupart des collègues et à avoir quelques séances de chorale assez géniales (avec les classes où les collègues étaient coopératifs), durant lesquelles j'ai pu réinvestir ce que j'avais appris l'an dernier à l'occasion du spectacle "D'un même souffle" avec Laurence  et lors de mes cours de chants en ligne avec Carlos (de Madrid). Le beau paradoxe, c'est que ma dernière séance de chorale avec une classe de CP, mardi 13, a été la meilleure séance que j'ai donnée de toute ma carrière. 👏👏👏👍👍👍 Ça, c'est gagné ! 🙏🙏🙏

Durant des années, j'ai supporté des situations parfois insupportables au boulot (par ténacité dans la gestion de projets qui me tenaient à cœur et pour conserver mon statut). Cette fois, je me suis donné la liberté de démissionner en période d'essai (ici, contrat de droit privé) 💨💨💨 alors que mon administration en France m'a mis en disponibilité et que, du coup, je ne lui dois rien. JE N'AI PAS QUITTé MON PAYS, MA FAMILLE, MES AMIS, MES PROJETS EN COURS pour m'installer dans des relations invivables avec deux petites Françaises revêches, alors que les Mexicain.e.s que je rencontre sont accueillants, chaleureux et aimables : j'ai assez d'expérience professionnelle et humaine pour savoir que cela n'était pas viable et n'avait quasiment aucune chance d'aller vers le mieux. En termes de début d'année catastrophe, c'était le top du top...

QUELLE BONNE IDEE j'avais eu, grâce à une discussion en août avec Frédéric (du Collectif pour la liberté de choix, organe de Résistance de Bourg-en-Bresse), de réactiver mon compte Boursorama et de commander une carte bancaire sans frais à l'étranger... C'est plus facile d'être autonome financièrement pour avoir la liberté de choix !

ET MAINTENANT : aucune envie d'aller sonner à la porte du nouveau Lycée français qui vient d'ouvrir à Mérida (capitale des pays mayas) (information que m'a donné Laura, l'adjointe du dirlo, triste de mon départ et qui m'a prêté le vélo de son fils : on va être obligé de se revoir, malgré l'interdiction qui m'a été signifiée d'entretenir tout contact avec des personnes travaillant à l'école ! Belle confirmation de la justesse de mon départ : cette école fonctionne comme un secte prétendant être propriétaire de personnes y travaillant et voulant s'immiscer dans leur vie privée - vraiment pas pour moi tout ça...). Après ces années dures en France, je vais respirer un bon coup. Et pour cela sans doute quitter México le plus vite possible (vivre entouré d'autoroutes urbaines et sans pouvoir vraiment faire du sport dans la nature, c'est pas trop mon truc...) . 

à voir..."...SE HACE EL CAMINO AL ANDAR" !

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